~> Et si Dehors . . . ? <~

{ Liibre }

Et si dehors m'attendait quelque chose de mieux ? Je n'apprend rien ici, je ne m'épanouit pas. Au contraire. Et si dehors, il y avait plus d'espoirs ? L'espoir de comprendre que derrière ce grillage il y a certainement le quotidien des gens, la ville, la beauté des paysages. L'espoir, de supporter les cris et les pleurs des nouveaux arrivant ou des gémissements la nuit sous la couette lorsque que le planché craque sous le passage des surveillants. Ici, il n'y avait aucun paysage semblable aux collines qui surplombaient l'arrière-plan de cet internat miteux. Aussi miteux que la maison de sa petite enfance. Non. Cet internat était une sortie sans la moindre issue. Un endroit horrible, avec l'apparence d'une maison de torture, une prison pour adolescent, too. Elle, elle savait qu'elle n'avait pas eu le choix, de venir dans ce trou où les rats sont installés partout. Elle, elle était au moins capable de ne pas détester ses parents pour leur choix de les emmener ici pour une quelconque raison. Car les parents les plus indignes étaient surement ceux qui laissaient leur enfant dans cet endroit sinistre & sans la moindre lumière. Rien. Pour Alix c'était ça, être triste. Triste, c'était d'être dans un endroit pareil. Elle ne pouvait même pas confier ses peines aux autres, car ici, c'était le plus fort qui gagnait. Elle était enfermée sur elle même comme une carapace. Et elle avait juste une seule échappatoire pour montrer qu'elle était forte d'esprit face à ce lieu lugubre.

Chanter & faire la comédie.

Une petite bruine arrosait l'herbe séchée du parc où s'élevait une odeur putride de rats mouillés. Il n'y avait pratiquement personne dans le parc lorsque il pleuvait. Il devait être près de midi, aux alentours, j'imagine.
Un silence mort régnait dans l'air et seul une silhouette était appuyée contre la grille rouillée. Seule ? C'était étonnant à vrai dire. Elle poussa un soupir long avant de tousser quand elle n'avait presque plus d'air. Fufufu. Ses mains pâles serraient fermement les grilles qui l'empêchaient de vivre une vie dans la lumière & le bonheur. La vie qu'elle avait eu autrefois vers ses 7 ans dans sa maison d'accueil.

« 'Taiin . . . »

D'un coup, elle lâcha brusquement la grille, dans un geste nerveux, faisant tinter celle-ci. Elle prit son sac et jeta sa chevelure comme elle aimait le faire et s'appreta à partir quand elle remarqua qu'une silhouette venait vers elle.
Pff, c'était con, en fait, d'être populaire, on a jamais un moment de répits.

Il était une fois…

Rosalie... Séchait. Encore, toujours, elle séchait. C'était sans doute l'occupation qui lui prenait le plus de temps dans la journée. Elle ne séchait pas pour se distraire, au contraire, c'était même l'inverse. Oui, quand elle allait en cours, c'était pour se distraire. Ce n'était pas qu'elle aimait faire l'école buissonnière à longueur de temps, mais surtout qu'elle se fichait de ce foutu internat et de ce qu’il pouvait lui enseigner. Ils pouvaient bien l’égueuler, ces professeurs, cette directrice, elle n’irait en cours que lorsque cela lui chanterait. Et elle n’écouterait pas les cours tant qu’elle ne serait pas hors de ces grillages, hors de cette prison.

Rosa longeait le grillage rouillé, passant ces doigts entre les mailles et mouillant ces mains de rosée roussâtre. Elle regardait le ciel, et ces oiseaux, noirs, libres… Si… libres… Sa gorge se serra. Pourquoi… pourquoi… Avait elle était emmenée ici, dans cet internat de merde ?! Pourquoi elle ? Elle était si bien… avec sa « Famille ». Jack, les autres. Sans argent, ils vivaient dans une cave ouverte, dans la capitale, les gens passant devant eux sans les remarquer, ou presque, ils étaient si pauvres… Ils se sentaient si mal. Mais à coté de l’internat, son passé lui semblait si joyeux. Quand elle s’asseyait sur le bord d’une chaussée et qu’elle ouvrait la bouche, il lui semblait que des milliers de visages se tournaient vers elle. Et ce n’était pas totalement faux. Lorsqu’elle commençait à conté une histoire, la sienne, c’était si bouleversant... Son timbre de voix frôlait de peu le paroxysme de la détresse, et son physique ensorcelait. C’était la principale source de revenu à l’époque. La voix et les histoires de Rosalie. L’histoire. Avant, elle en voulait à Jack de la vendre pour quelques pièces, mais elle savait désormais que sans son propre parcours, ils n’auraient jamais put survivre. Elle vendait son âme aux passants, et ceux-ci avaient le choix de passé leur chemin ou d’écouter cette petite enfant égarée.

Une femme. Cette femme était pauvre, et seule son physique l’aidait à avancer. Elle s’en servait pour pouvoir faire vivre sa petite fille, sans ce soucié de la honte et du déshonneur qu’elle portait sur elle. Oui, cette femme se prostituait. Pour sa fille. Un acte si piteux et qui recèle de tant d’amour est inexplicable.

Oui… Son histoire était bien triste. A cause de ce foutu état et de ce qu’il avait fait du pays ! Rosalie donna un coup de pied violant dans le grillage et manqua de tomber par terre. Sa vie n’était qu’un déchet dont la vie se servait pour s’amuser. Mais les gens aimaient la souffrance, les gens aimaient les histoires tristes, et les souffrances. Sans le dire, sans le penser, au plus profond d’eux même, ils prennent un plaisir fou à torturer les autres. Rosa aussi, sans doute. Manipulatrice, intelligente, oui, même si elle ne voulait pas, elle était comme ça. Prête à tout pour arriver à ces fins. Même jusqu’à risquer sa vie, jusqu’à se souiller.

Oui, la souffrance de cette femme aussi était inexplicable. Mais elle était trop endettée, et à moins de vendre sa fille par la suite, elle ne pouvait faire subvenir ses besoins et ceux de la petite. Un beau jour enneigé… Cette femme mourut, dans une voiture blindée, presque sous les yeux de la petite abandonnée sur la chaussée, tétanisée. La mère é tait trop endettée. Elle avait payée chère l’amour qu’elle éprouvait pour sa fille. Mais heureusement, ils ne la touchèrent pas.

Rosalie continua à avance le long du grillage, jusqu’à apercevoir la silhouette brumeuse de quelqu’un. Une interne. Que Rosalie ignora parfaitement. Elle continua à avancer, ses doigts fins d’albâtre frôlant le grillage. Puis au moment ou elle croisa Alix, elle ne la regarda même pas et continua de longer cette grille métallique qui cloitrait les internes en ce lieu.

Par ce froid jour d’hiver, la petite rencontra un garçon un peu plus âgé qu’elle, nommé Jack. Il l’emmena dans sa famille, dans un sous-sol humide où des couchettes miteuses étaient entreposées. La petite aima tout de suite ce lieu et les enfants qui étaient là, couchés dans leur misère et pourtant si joyeux.

A suivre.